Aide à la relecture : Marguerite Dontenwille, Robin Vervaeke, Anthony Halimi, Bryan Littré, Théo Chaumeil, Clément Loiseau
Abréviations :
ASI : articulation(s) sacro-iliaque(s)
DSI : douleur(s) en lien avec les articulations sacro-iliaques
vDW : van Der Wurff
Vous trouverez les liens des billets amenant à cette conclusion à la fin de cette publication.
Conclusion
Que faut-il retenir de cette série d’articles ?
La DSI est un diagnostic différentiel de la lombalgie peu fréquent en pratique courante et dont le diagnostic clinique est en fait difficile en raison des nombreuses « précautions d’emploi » que requiert leur évaluation. Prudence doit donc être de mise avant de conclure à une implication des ASI. Mais en dépit des objections légitimes et des efforts de recherche qui restent à fournir, le cluster de Laslett-vDW reste certainement à ce jour le meilleur (« meilleur », pas « parfait ») outil de dépistage et de diagnostic de DSI que les cliniciens aient à leur disposition.
S’il ne revient évidemment pas au kinésithérapeute de poser un diagnostic, sa place dans le système de soin et son rôle grandissant dans la prise en charge des troubles musculosquelettiques – avec un accès direct se dessinant progressivement – l’amènent fatalement à devoir se doter des compétences cliniques nécessaires (en particulier de différenciation clinique et de dépistage) à la réorientation argumentée d’un patient vers le professionnel de santé adapté [71].
L’exemple des DSI et du fastidieux processus diagnostique qui y est associé illustre bien le fait que les tests ne doivent jamais être pris en compte isolément : nous avons vu en effet que du contexte du soin, de la population, de l’ordre des tests dépendent les conclusions que l’on peut tirer des résultats des tests sur les probabilités de nos hypothèses. Comme dans un puzzle, les tests orthopédiques ne sont que des pièces interdépendantes aux autres.
En définitive, le raisonnement clinique est un processus probabiliste bayésien qui consiste à comparer la plausibilité d’hypothèses concurrentes et à les hiérarchiser d’après les indices cliniques à notre disposition. Comprendre les ressorts des changements de probabilité d’hypothèse, notamment grâce aux biostatistiques (clinimétrie, épidémiologie etc.), nous permet de structurer notre raisonnement malgré une part toujours présente d’incertitude [72] et d’argumenter les décisions cliniques qui découlent de notre examen [73].
Merci pour l’intérêt que vous avez accordé à cette série d’articles
Joshua Lavallée
P.S. : Pour finir en essayant de remettre de l’ordre dans toutes ces informations, vous trouverez ci-dessous une proposition d’algorithme essayant de résumer la démarche de différenciation clinique à adopter en cas de suspicion de DSI.
Proposition d’algorithme de différenciation clinique des DSI
(Inspiré par une infographie de Flavio Bonnet pour l’Association Française McKenzie)
Articles précédents : Parties 1 (épidémiologie), 2 (anamnèse) et 3 (tests orthopédiques) :
Références : (par ordre d’apparition dans le texte)
71. Kubicki A. Enjeux et perspectives de l’accès direct en Masso-Kinésithérapie. Kinesither Rev. 2017;17(185):1-
72. Simpkin AL, Schwartzstein RM. Tolerating Uncertainty – The Next Medical Revolution? N Engl J Med. 2016 Nov 3;375(18):1713-1715
73. Le Neindre A, Pallot A. La démarche hypothético-déductive, une compétence indispensable au kinésithérapeute. Kinesither Rev. 2017;17(192):1 – 2
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